La vocation maraîchère de Criquebeuf sur Seine et Martot
Les terres alluvionnaires légères et sableuses de Criquebeuf sur Seine et Martot se réchauffent rapidement au printemps facilitant les récoltes précoces, ce qui est propice aux cultures maraîchères.
Aujourd’hui :
La superficie des terres cultivées a diminuée, en raison de l’implantation et de l’extension de carrières, de la construction de pavillons et de créations de voies. Il reste aujourd’hui dans les deux communes 355 hectares consacrés aux cultures de légumes. Par comparaison, dans tout le département de l’Eure, 673 hectares seulement sont utilisés pour les cultures maraîchères ! Il ne reste plus qu’une vingtaine d’exploitations, d’une superficie moyenne de 25 à 30 hectares. Les groupements, souvent familiaux, GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) et EARL (Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée) sont de plus en plus nombreux.
La nature des cultures a changé : la culture des légumes est à peine prédominante ; en effet, on trouve de plus en plus de céréales, surtout du maïs. La culture des salades s’est développée, on trouve aussi radis, courgettes, persil, oignons, carottes, céleris raves, poireaux, choux, pommes de terre et on note la reprise de la culture du navet. Les pissenlits ont disparu et on produit peu de choux de Bruxelles. Des cultures sous serres ont été réalisées durant quelques années puis abandonnées au profit de la culture en pleine terre. Grâce à l’emploi d’engrais, aux traitements et à l’arrosage, les rendements sont bien meilleurs. Certaines règles sont à respecter en ce qui concerne la rotation des cultures : par exemple, sur une parcelle utilisée pour la culture de poireaux, il est préconisé de n’en replanter qu’au bout de sept ans et il convient donc d’alterner avec d’autres cultures.
Le remembrement et l’augmentation de la superficie des exploitations ont permis la mécanisation des travaux. On compte en moyenne 4 tracteurs d’une puissance de 120 à 130 CV par exploitation. Les outils sont performants, charrues jusqu’à 7 socs, et les machines de plus en plus efficaces, que ce soit dans les champs avec les planteuses à salades en mottes, les arracheuses de poireaux, de pommes de terre, les machines à cueillir les haricots etc.…ou dans les hangars, avec les machines à laver les légumes, les ensacheuses-peseuses qui pèsent et emballent automatiquement les filets de légumes. Pour l’arrosage, on utilise de grands enrouleurs qui, se déplaçant seuls, permettent, sans intervention, d’irriguer toute une parcelle. Certaines fermes sont équipées de vastes chambres froides qui permettent la conservation des légumes.
La main d’œuvre est utilisée, non dans les champs où les travaux sont de plus en plus mécanisés, mais dans les bâtiments pour le conditionnement, l’épluchage et la vérification de la qualité des produits.
Les producteurs livrent des grands magasins directement ou par l’intermédiaire de la Crimart ou d’autres centrales d’achats. Certains vont à Rouen au Marché d’Intérêt National, d’autres sont fidèles à de petits marchés locaux.
Le maraîcher doit assurer la traçabilité de ses produits ; à cet effet, il tient un registre où il consigne le suivi de la culture en précisant pour chaque parcelle les engrais, les traitements effectués avec la date, la nature précise et la quantité utilisée. Certains exploitants ont recours à des techniciens chargés de contrôler le suivi des produits cultivés. Les contrôles effectués par des organismes certifiés sont nombreux et réguliers.
Aujourd’hui, les maraîchers se trouvent confrontés à plusieurs problèmes :
- Comme les autres producteurs, ils ont du mal à vendre leurs produits avec une marge suffisante pour assurer un revenu convenable ; l’augmentation régulière des charges (main d’œuvre, carburant, électricité, chauffage etc.…) et des fournitures (graines, engrais, produits phytosanitaires etc.…) ne peut qu’aggraver cette situation.
- Difficultés pour trouver et fidéliser de la main d’œuvre.
- L’activité agricole est tributaire des conditions climatiques : en cas de pluies abondantes ou de gel durable, le travail n’est plus possible dans les champs.
Vente directe
En 2015 :
3 maraîchers vendent directement leurs produits ;
2 dans des casiers automatiques utilisables 7 jours sur 7 et 24h sur 24 ;
1 dans un espace vente les lundi de 17h à19h, vendredi 16h-19h et le samedi 11h – 13 h.
Hier :
Le quasi totalité des terres cultivables était utilisée pour la production de légumes. Les exploitations de petite taille de 3 à 4 ha, étaient nombreuses ; on comptait environ 70 maraîchers . Vers le début du XIXème siècle, les agriculteurs possédaient un cheval, deux vaches, une charrue, une herse, un rouleau et une voiture hippomobile pour les travaux de la ferme et les marchés ; les paysans vivaient en économie fermée, produisant leurs légumes, une partie de la viande qu’ils consommaient, leur lait et leur boisson.
Les cultures étaient très variées : salades, asperges, haricots verts, petits pois, choux verts, choux rouges, pissenlits, choux de Bruxelles, navets , le navet de Martot était célèbre et aurait été à l’origine du canard au navet. On cultivait peu de céréales avec une priorité pour le seigle que l’on utilisait pour botteler les poireaux. Pour l’exploitation du sol, on employait les engrais naturels et on pratiquait l’assolement (rotation des cultures). Dans les années 60, de nombreux puits ont été creusés pour permettre l’arrosage. Les tracteurs, d’une puissance de 20 cv, arriveront dans les années 1950.
Les travaux des champs étaient faits manuellement et s’avéraient particulièrement pénibles, surtout l’hiver à cause des conditions climatiques.
La vente des produits s’effectuait dans les marchés locaux, aux Halles de Rouen et de Paris, puis au Marché d’Intérêt National de Rouen. A partir de 1960, avec la création de la coopérative de vente de légumes la CRIMART, beaucoup de produits étaient expédiés vers l’Est.
Une coopérative légumière : La CRIMART
Cette coopérative a été créée en 1960 pour écouler les excédents de productions des maraîchers des communes de CRIquebeuf sur Seine et MARTot. La plupart des agriculteurs livraient à la Coopérative ; Les légumes et en particulier les pissenlits, les choux de Bruxelles, les poireaux et les choux pomme étaient acheminés sur Strasbourg puis sur Francfort.
Aujourd’hui, 5 à 6 maraîchers, ainsi que des exploitants de la région parisienne fournissent la CRIMART qui alimente les grands magasins. VOIR CRIMART POUR AUTRES INFOS ET TONNAGES EN PARTICULIER.
Autre cadre spécial : Evolution du nombre des exploitations
Dans la commune de Martot, en 1914 on comptait 27 exploitants agricoles. En 1945, il en restait 22, 14 dans les années 70,80 et aujourd’hui, on n’en compte plus que 5.
Autre cadre spécial « Les navets de Martot » :
Ces crucifères (nous parlons des navets) ont fait la réputation de Martot ; ils ne pouvaient échapper au sort commun à toutes les célébrités et un beau jour, on les chanta dans une revue locale, jouée au théâtre d’Elbeuf :
Pour faire un bon haricot,* (ragoût de mouton)
N’y a qu’ les nav’
N’y a que les nav’
Pour faire un bon haricot,
N’y a qu’ les navets d’ Martot’.
Origine d’un plat populaire : Dans l’abbaye de Bonport située près de Martot, vivaient autrefois de bons bénédictins.
En un certain hiver, des canards sauvages s’abattirent en telle quantité sur les îles de la Seine, que pendant près de deux mois, les habitants de la rive en firent leur nourriture presque exclusive ; les religieux bien entendu ne furent pas les derniers à profiter de l’aubaine, et à leur cuisine, ces palmipèdes furent mis à toutes les sauces.
Mais nos moines finirent par s’en lasser. Le prieur de l’abbaye eut un matin une idée géniale : celle d’associer, dans la casserole, des canards et des navets.
Le nouveau plat fut jugé si agréable au palais que chacun des religieux jura de garder le secret de sa préparation.
Néanmoins on la devina bientôt et la recette fit le tour de la France, puis passa en Angleterre ; elle est maintenant connue de tout l’univers des gourmets, mais on n’a pas partout des navets de Martot.